L’ORGANISATION INTÉRIEURE DE L’HÔTEL RIEZ
Photo en haut à gauche
Grille du cache-radiateur du hall d’entrée.
photo en haut à droite:
Entrée principale de l’hôtel Riez.
La somptuosité du décor intérieur témoigne du statut de Joachim Riez, négociant devenu administrateur-directeur général et enfin industriel*.
Il apparaît que ce décor est dû à une collaboration entre l’architecte Jean- Baptiste Dewin et les Ateliers d’art de Courtrai De Coene Frères.
Joseph De Coene était un ami de Jean-Baptiste Dewin qui avait déjà eu l’occasion de faire appel à la célèbre firme lors de projets antérieurs.
Au rez-de-chaussée, les murs du hall d’entrée sont lambrissés de marbre gris Sainte-Anne qui dissimule également, au-delà de quelques marches, des radiateurs qui diffusent leur chaleur par de petites grilles en cuivre au décor géométrique, dans lesquelles de petites portes au décor floral stylisé sont intégrées.
Une double porte donne accès au hall principal duquel part un escalier de chêne menant au premier étage. Les poteaux de la rampe de l’escalier se prolongent verticalement par des formes ovales qui ne sont pas sans rappeler la forme d’un gland dont la cupule serait même évoquée. Les lignes ruisselantes pourraient faire référence au motif du vitrail que nous évoquerons un peu plus loin. Cette forme de gland pourrait constituer une signature discrète de la firme De Coene, souvent évoquée par ce symbole.
La pièce maîtresse de la cage d’escalier demeure bien entendu le vitrail de sa grande verrière verticale qui, à l’origine, laissait pénétrer la lumière naturelle. Depuis les agrandissements de 1992, la lumière naturelle ne traverse plus le vitrail, celui-ci est donc rétroéclairé par un système électrique.
* Ce sont les titres successifs de Joachim Riez qui apparaissent dans les Almanachs du commerce et de l’industrie analysés sur l’ensemble de sa carrière. https://archives.bruxelles.be/almanachs.
Le motif central du vitrail est celui d’une grande fontaine au ruissellement symétrique. Ce type de motif est caractéristique de l’Art Déco, surtout dans la foulée de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925 où les visiteurs ont pu contempler une impressionnante fontaine lumineuse de René Lalique, haute de 15 mètres.
La fontaine de René Lalique à l’Exposition de Paris en 1925. © coll. Art Déco de Reims et des Villes du Grand-Est.
Au premier étage, le salon et la salle à manger constituent les pièces maîtresses de la maison. C’est ici que le souci du détail est poussé à son paroxysme.
Ne disposant pas des plans d’origine du premier étage du bâtiment, il est difficile de savoir, parmi les deux pièces d’apparat, laquelle faisait office de salon et laquelle était utilisée comme salle à manger. Sans doute pourrions-nous considérer que la première pièce à laquelle on accède en montant l’escalier était la salle à manger, car c’est la plus proche de la cuisine. Elle est aujourd’hui aménagée en salon. De part et d’autre de la cheminée de marbre, dont le manteau est lambrissé de bois, s’intègrent deux dressoirs dont les clefs portent la signature « De Coene Frères Courtrai ». Les plaques de propreté de ces portes, en bronze, comportent des motifs spiralés également caractéristiques de la production De Coene.
Plaque de propreté aux motifs spiralés et clef portant l’inscription « De Coene Frères Courtrai ».
Double porte donnant accès à l’une des pièces d’apparat du premier étage. Les portes sont garnies de bandeaux de vitraux peints de motifs floraux. Les béquilles de portes côté salon et hall sont volontairement différentes afin de s’harmoniser au mieux dans le décor.
Grand hall et escalier d’honneur et une photo de détail: Poteau de départ de l’escalier d’honneur.
Les bas des murs sont lambrissés du même bois que le manteau de cheminée et les dressoirs. Les murs sont divisés en sections séparées par des bandeaux de bois ouvragés.
La partie centrale de la pièce possède un plafond plus élevé permettant la mise en valeur d’un lustre magnifique, à la structure de bronze, constitué de pièces de verre moulé-pressé aux motifs de fleurs stylisées, également une production de la firme De Coene. De part et d’autre de cet espace central, les plafonds sont plus bas, ce qui génère une impression d’équilibre et confère beaucoup d’intimité à la pièce.
Ici, les cache-radiateurs en cuivre présentent des décors à caractère géométrique mais intègrent aussi des médaillons figurant des jeunes femmes de profil portant des fleurs stylisées. Partout à l’étage, dans les impostes des fenêtres, des vitraux aux couleurs chatoyantes évoquent des corbeilles de fruits et de fleurs, motifs également très présents dans la foulée de l’Exposition de 1925.
Les propriétaires ont judicieusement choisi de meubler les lieux dans l’esprit de l’époque, notamment par du mobilier de Jacques Adnet (1900-1984) et de Jules Leleu (1883-1961) deux créateurs et décorateurs français qui se sont particulièrement illustrés à l’époque Art Déco.
Les appliques lumineuses du palier et les lampes de certains bureaux proviennent des ateliers Jean Perzel de Paris qui, depuis 1923, perpétuent la tradition de la production de systèmes d’éclairage aux formes épurées.
Cheminée de la salle à manger flanquée de deux dressoirs.
Vue d’ensemble de la salle à manger, aujourd’hui un salon.
Vue d’ensemble du salon, aujourd’hui un bureau.
Espace sous toiture, au second étage. Presque une oeuvre d’art abstrait.
La partie salon, aujourd’hui aménagée en bureau, située à l’angle, bénéficie d’une très belle lumière. Sous des tablettes en marbre jaune de Sienne, les cache-radiateurs présentent, au centre, des décors floraux stylisés. Le lustre au même type de décor est probablement également issu des ateliers De Coene.
Ici, les cache-radiateurs en cuivre présentent des décors à caractère géométrique mais intègrent aussi des médaillons figurant des jeunes femmes de profil portant des fleurs stylisées. Partout à l’étage, dans les impostes des fenêtres, des vitraux aux couleurs chatoyantes évoquent des corbeilles de fruits et de fleurs, motifs également très présents dans la foulée de l’Exposition de 1925.
La découverte de photos antérieures à la restauration du bâtiment a permis de constater que les murs des pièces d’apparat devaient, à l’origine, être ornés d’un décor en relief doré ressemblant à du cuir. Il s’agissait peut-être de carton- pierre doré, un produit typique de la firme De Coene qui, très tôt, avait trouvé un procédé pour mélanger de la pâte à papier avec de l’argile et de la craie.
Un lien peut ici être effectué avec le salon Art Déco de l’hôtel De Castillion, à Bruges, une réalisation de la firme De Coene (1934). Autour d’un double miroir, on découvre un décor en carton-pierre doré. Le lustre est identique à l’un de ceux de l’hôtel Riez.
Salon Art Déco de l’hôtel De Castillion à Bruges. Photo de l’auteur, 2022.
Réception à la CDA en 1982 en présence du Président de la CDA, Philippe Clément (discours), de Madame Irène de Molinari De Frenne fille du fondateur de CDA (assise à gauche), d’André de Molinari (Dirigeant, deuxième à partir de la gauche) et de Christiane de Molinari-Deschamps (dernière à droite).
Du palier, on passe à la cuisine, également accessible depuis l’escalier de service. Celle-ci constitue un summum en termes de confort domestique, de lumière et de préservation. Ici, le bois des parquets et des lambris laisse la place aux carreaux en céramique, d’un entretien plus aisé. Les tons gris dominent avec des bandeaux de petites céramiques en damier noir et blanc qui ne sont pas sans rappeler la Sécession viennoise et qui rythment l’espace.
À hauteur de regard, à intervalle régulier, des motifs palmés allongés, en léger relief, apportent une dimension décorative. Ces mêmes motifs sont également reproduits dans une grande verrière colorée à l’arrière de la pièce. Pompe à eau, radiateur intégrant un chauffeplats, tableau d’appel des domestiques, mobilier encastré, tout est encore sur place. La cuisinière vient du premier siège social de la CDA.
Verrière arrière de la cuisine.
Penchons-nous sur l’organisation intérieure de l’hôtel particulier. Pour ce faire, nous disposons d’un plan du rez-dechaussée trouvé dans le dossier pour le premier permis* (plan 1) et d’un plan du second étage (incluant une petite partie du premier étage et les sous-sols) associé à la demande pour le second permis** (plan 2). Nous ne disposons pas du plan complet du premier étage, mais les décors ont été tellement bien préservés que la lecture de l’organisation de l’espace reste aisée.
Le rez-de-chaussée (plan 1) s’organise autour d’un hall central (1), duquel part l’escalier d’honneur vers le premier étage. Aujourd’hui, tous les espaces sont organisés en bureaux et des agrandissements ont été effectués à l’emplacement de la cour. À l’origine, il semblerait que l’espace, côté avenue Henri Hollevoet, autour de l’entrée suivie de l’escalier de service (2) était réservé au garage et à un logement pour le chauffeur. De l’autre côté, l’espace accessible de manière indépendante par la porte au numéro 88 du boulevard du Jubilé (3) donnait accès à des bureaux, occupés par la Compagnie industrielle du Rupel, à une salle à manger et à une cuisine.
Au premier étage, duquel nous n’avons pas de plan complet, un grand palier central dessert, à l’angle et côté boulevard du Jubilé, la suite que formaient le salon et la salle à manger.
Côté avenue Henri Hollevoet, accessible par l’escalier de service (2), la grande cuisine où l’on servait sans doute aussi les repas du personnel. Enfin, côté boulevard du Jubilé, des chambres et une salle de bain, avec un bureau, une salle de couture et une chambre d’amis (4, plan 2).
Le second étage (plan 2), mansardé, fonctionnait presque entièrement comme un appartement indépendant, accessible depuis l’entrée située boulevard du Jubilé 88 (3). La partie se trouvant au-dessus du garage (rezde- chaussée) et de la cuisine (premier étage) est cependant nettement séparée de cet appartement indépendant et constitue une prolongation de l’appartement de prestige du premier étage, accessible par l’escalier de service (2). On y trouve une chambre de bonne, une penderie probablement destinée aux vêtements des maîtres et un WC de service.
Enfin, le plan des sous-sols (5, plan 2) nous apprend que les espaces se partageaient entre caves à charbon et caves à provisions pour la Compagnie industrielle du Rupel et le locataire du second étage. La preuve probable que Joachim Riez avait fait construire cette prestigieuse demeure une fois que s’annonçaient pour lui ses nouvelles fonctions d’administrateur-directeur général de la société.
* Archives communales de Molenbeek-Saint-Jean, Urbanisme 14796.
** Archives communales de Molenbeek-Saint-Jean, Urbanisme 15356.
Plan 1.
Plan du rez-de-chaussée de l’ensemble construit à l’angle du boulevard du Jubilé et de l’avenue Henri Hollevoet, décembre 1926. Archives communales de Molenbeek-Saint-Jean, Urbanisme 14796.
1. Hall central et cage d’escalier principale
2. Entrée et escalier de service.
3. Entrée des bureaux de la Compagnie du Rupel et escalier menant à l’appartement du second étage.
Plan 2.
Plan du second étage introduit en vue de l’obtention du second permis apportant quelques modifications à la première demande, 1927. Archives communales de Molenbeek-Saint- Jean, Urbanisme 15356.
2. Escalier de service et chambre de bonne.
3. Escalier menant à l’appartement du second étage.
4. Salle de couture et chambre d’amis au premier étage.
5. Plan des caves où apparaît la Compagnie industrielle du Rupel.
Photo: Entrée principale de l’hôtel Riez.
La somptuosité du décor intérieur témoigne du statut de Joachim Riez, négociant devenu administrateur-directeur général et enfin industriel*.
Il apparaît que ce décor est dû à une collaboration entre l’architecte Jean- Baptiste Dewin et les Ateliers d’art de Courtrai De Coene Frères. Joseph De Coene était un ami de Jean-Baptiste Dewin qui avait déjà eu l’occasion de faire appel à la célèbre firme lors de projets antérieurs.
Au rez-de-chaussée, les murs du hall d’entrée sont lambrissés de marbre gris Sainte-Anne qui dissimule également, au-delà de quelques marches, des radiateurs qui diffusent leur chaleur par de petites grilles en cuivre au décor géométrique, dans lesquelles de petites portes au décor floral stylisé sont intégrées.
Une double porte donne accès au hall principal duquel part un escalier de chêne menant au premier étage. Les poteaux de la rampe de l’escalier se prolongent verticalement par des formes ovales qui ne sont pas sans rappeler la forme d’un gland dont la cupule serait même évoquée. Les lignes ruisselantes pourraient faire référence au motif du vitrail que nous évoquerons un peu plus loin. Cette forme de gland pourrait constituer une signature discrète de la firme De Coene, souvent évoquée par ce symbole.
* Ce sont les titres successifs de Joachim Riez qui apparaissent dans les Almanachs du commerce et de l’industrie analysés sur l’ensemble de sa carrière. https://archives.bruxelles.be/almanachs.
Grille du cache-radiateur du hall d’entrée.
La pièce maîtresse de la cage d’escalier demeure bien entendu le vitrail de sa grande verrière verticale qui, à l’origine, laissait pénétrer la lumière naturelle. Depuis les agrandissements de 1992, la lumière naturelle ne traverse plus le vitrail, celui-ci est donc rétroéclairé par un système électrique.
Le motif central du vitrail est celui d’une grande fontaine au ruissellement symétrique. Ce type de motif est caractéristique de l’Art Déco, surtout dans la foulée de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925 où les visiteurs ont pu contempler une impressionnante fontaine lumineuse de René Lalique, haute de 15 mètres.
La fontaine de René Lalique à l’Exposition de Paris en 1925. © coll. Art Déco de Reims et des Villes du Grand-Est.
Au premier étage, le salon et la salle à manger constituent les pièces maîtresses de la maison. C’est ici que le souci du détail est poussé à son paroxysme.
Ne disposant pas des plans d’origine du premier étage du bâtiment, il est difficile de savoir, parmi les deux pièces d’apparat, laquelle faisait office de salon et laquelle était utilisée comme salle à manger. Sans doute pourrions-nous considérer que la première pièce à laquelle on accède en montant l’escalier était la salle à manger, car c’est la plus proche de la cuisine. Elle est aujourd’hui aménagée en salon. De part et d’autre de la cheminée de marbre, dont le manteau est lambrissé de bois, s’intègrent deux dressoirs dont les clefs portent la signature « De Coene Frères Courtrai ». Les plaques de propreté de ces portes, en bronze, comportent des motifs spiralés également caractéristiques de la production De Coene.
Plaque de propreté aux motifs spiralés et clef portant l’inscription « De Coene Frères Courtrai ».
Double porte donnant accès à l’une des pièces d’apparat du premier étage. Les portes sont garnies de bandeaux de vitraux peints de motifs floraux. Les béquilles de portes côté salon et hall sont volontairement différentes afin de s’harmoniser au mieux dans le décor.
Grand hall et escalier d’honneur et une photo de détail: Poteau de départ de l’escalier d’honneur.
Les bas des murs sont lambrissés du même bois que le manteau de cheminée et les dressoirs. Les murs sont divisés en sections séparées par des bandeaux de bois ouvragés.
La partie centrale de la pièce possède un plafond plus élevé permettant la mise en valeur d’un lustre magnifique, à la structure de bronze, constitué de pièces de verre moulé-pressé aux motifs de fleurs stylisées, également une production de la firme De Coene. De part et d’autre de cet espace central, les plafonds sont plus bas, ce qui génère une impression d’équilibre et confère beaucoup d’intimité à la pièce.
Ici, les cache-radiateurs en cuivre présentent des décors à caractère géométrique mais intègrent aussi des médaillons figurant des jeunes femmes de profil portant des fleurs stylisées. Partout à l’étage, dans les impostes des fenêtres, des vitraux aux couleurs chatoyantes évoquent des corbeilles de fruits et de fleurs, motifs également très présents dans la foulée de l’Exposition de 1925.
Les propriétaires ont judicieusement choisi de meubler les lieux dans l’esprit de l’époque, notamment par du mobilier de Jacques Adnet (1900-1984) et de Jules Leleu (1883-1961) deux créateurs et décorateurs français qui se sont particulièrement illustrés à l’époque Art Déco.
Les appliques lumineuses du palier et les lampes de certains bureaux proviennent des ateliers Jean Perzel de Paris qui, depuis 1923, perpétuent la tradition de la production de systèmes d’éclairage aux formes épurées.
Cheminée de la salle à manger flanquée de deux dressoirs.
Vue d’ensemble de la salle à manger, aujourd’hui un salon.
Vue d’ensemble du salon, aujourd’hui un bureau.
Espace sous toiture, au second étage. Presque une oeuvre d’art abstrait.
La partie salon, aujourd’hui aménagée en bureau, située à l’angle, bénéficie d’une très belle lumière. Sous des tablettes en marbre jaune de Sienne, les cache-radiateurs présentent, au centre, des décors floraux stylisés. Le lustre au même type de décor est probablement également issu des ateliers De Coene.
Ici, les cache-radiateurs en cuivre présentent des décors à caractère géométrique mais intègrent aussi des médaillons figurant des jeunes femmes de profil portant des fleurs stylisées. Partout à l’étage, dans les impostes des fenêtres, des vitraux aux couleurs chatoyantes évoquent des corbeilles de fruits et de fleurs, motifs également très présents dans la foulée de l’Exposition de 1925.
La découverte de photos antérieures à la restauration du bâtiment a permis de constater que les murs des pièces d’apparat devaient, à l’origine, être ornés d’un décor en relief doré ressemblant à du cuir. Il s’agissait peut-être de carton- pierre doré, un produit typique de la firme De Coene qui, très tôt, avait trouvé un procédé pour mélanger de la pâte à papier avec de l’argile et de la craie.
Un lien peut ici être effectué avec le salon Art Déco de l’hôtel De Castillion, à Bruges, une réalisation de la firme De Coene (1934). Autour d’un double miroir, on découvre un décor en carton-pierre doré. Le lustre est identique à l’un de ceux de l’hôtel Riez.
Salon Art Déco de l’hôtel De Castillion à Bruges. Photo de l’auteur, 2022.
Réception à la CDA en 1982 en présence du Président de la CDA, Philippe Clément (discours), de Madame Irène de Molinari De Frenne fille du fondateur de CDA (assise à gauche), d’André de Molinari (Dirigeant, deuxième à partir de la gauche) et de Christiane de Molinari-Deschamps (dernière à droite).
Du palier, on passe à la cuisine, également accessible depuis l’escalier de service. Celle-ci constitue un summum en termes de confort domestique, de lumière et de préservation. Ici, le bois des parquets et des lambris laisse la place aux carreaux en céramique, d’un entretien plus aisé. Les tons gris dominent avec des bandeaux de petites céramiques en damier noir et blanc qui ne sont pas sans rappeler la Sécession viennoise et qui rythment l’espace.
À hauteur de regard, à intervalle régulier, des motifs palmés allongés, en léger relief, apportent une dimension décorative. Ces mêmes motifs sont également reproduits dans une grande verrière colorée à l’arrière de la pièce. Pompe à eau, radiateur intégrant un chauffeplats, tableau d’appel des domestiques, mobilier encastré, tout est encore sur place. La cuisinière vient du premier siège social de la CDA.
Verrière arrière de la cuisine.
Plan 1
Penchons-nous sur l’organisation intérieure de l’hôtel particulier. Pour ce faire, nous disposons d’un plan du rez-dechaussée trouvé dans le dossier pour le premier permis* (plan 1) et d’un plan du second étage (incluant une petite partie du premier étage et les sous-sols) associé à la demande pour le second permis** (plan 2). Nous ne disposons pas du plan complet du premier étage, mais les décors ont été tellement bien préservés que la lecture de l’organisation de l’espace reste aisée.
Le rez-de-chaussée (plan 1) s’organise autour d’un hall central (1), duquel part l’escalier d’honneur vers le premier étage. Aujourd’hui, tous les espaces sont organisés en bureaux et des agrandissements ont été effectués à l’emplacement de la cour. À l’origine, il semblerait que l’espace, côté avenue Henri Hollevoet, autour de l’entrée suivie de l’escalier de service (2) était réservé au garage et à un logement pour le chauffeur. De l’autre côté, l’espace accessible de manière indépendante par la porte au numéro 88 du boulevard du Jubilé (3) donnait accès à des bureaux, occupés par la Compagnie industrielle du Rupel, à une salle à manger et à une cuisine.
Au premier étage, duquel nous n’avons pas de plan complet, un grand palier central dessert, à l’angle et côté boulevard du Jubilé, la suite que formaient le salon et la salle à manger.
Plan 2
Côté avenue Henri Hollevoet, accessible par l’escalier de service (2), la grande cuisine où l’on servait sans doute aussi les repas du personnel. Enfin, côté boulevard du Jubilé, des chambres et une salle de bain, avec un bureau, une salle de couture et une chambre d’amis (4, plan 2).
Le second étage (plan 2), mansardé, fonctionnait presque entièrement comme un appartement indépendant, accessible depuis l’entrée située boulevard du Jubilé 88 (3). La partie se trouvant au-dessus du garage (rezde- chaussée) et de la cuisine (premier étage) est cependant nettement séparée de cet appartement indépendant et constitue une prolongation de l’appartement de prestige du premier étage, accessible par l’escalier de service (2). On y trouve une chambre de bonne, une penderie probablement destinée aux vêtements des maîtres et un WC de service.
Enfin, le plan des sous-sols (5, plan 2) nous apprend que les espaces se partageaient entre caves à charbon et caves à provisions pour la Compagnie industrielle du Rupel et le locataire du second étage. La preuve probable que Joachim Riez avait fait construire cette prestigieuse demeure une fois que s’annonçaient pour lui ses nouvelles fonctions d’administrateur-directeur général de la société.
* Archives communales de Molenbeek-Saint-Jean, Urbanisme 14796.
** Archives communales de Molenbeek-Saint-Jean, Urbanisme 15356.
Plan 1.
Plan du rez-de-chaussée de l’ensemble construit à l’angle du boulevard du Jubilé et de l’avenue Henri Hollevoet, décembre 1926. Archives communales de Molenbeek-Saint-Jean, Urbanisme 14796.
1. Hall central et cage d’escalier principale
2. Entrée et escalier de service.
3. Entrée des bureaux de la Compagnie du Rupel et escalier menant à l’appartement du second étage.
Plan 2.
Plan du second étage introduit en vue de l’obtention du second permis apportant quelques modifications à la première demande, 1927. Archives communales de Molenbeek-Saint- Jean, Urbanisme 15356.
2. Escalier de service et chambre de bonne.
3. Escalier menant à l’appartement du second étage.
4. Salle de couture et chambre d’amis au premier étage.
5. Plan des caves où apparaît la Compagnie industrielle du Rupel.